Le Chevalier à la rose de Strauss
Baden Baden, Festspielhaus
31 janvier 2009
Troix voix inouïes
Baden-Baden a apporté à Rosenkavalier ce que seul un tel festival peut réunir : un orchestre de luxe et de science, le Philharmonique de Munich, avec un impérieux Christian Thielemann, aux textures plus palpables que dansantes, l’anti-Kleiber en un sens, avec d’ailleurs de remarquables soudaines lenteurs et une vision soutenue très symphonisante. Les solistes s’arrangent en scène un peu comme ils veulent dans les débris de la production de Wernicke à Salzbourg 1996, vue et revue à la Bastille, et dont ne restent guère que les miroirs, le bien inutile escalier Broadway et l’avant-gardisme désormais arrière-garde. Les solistes dames sont la crème de la crème, et se meuvent largement à leur idée. Renée Fleming, svelte en robe rouge quasi moulante, très américanisée, hyper glamour, chante avec une souplesse et une autorité neuves (et en voix mincie et divine) sa Maréchale moins premier degré, plus avertie que naguère. Sophie Koch offre toujours à Oktavian le mezzo le plus opulent, à l’aigu le plus assuré et sur les plus jolies jambes imaginables. Diana Damrau (dans l’absolu, la plus étonnante) est une Sophie réelle, combative, ses notes sont d’or, mais ont du poids, avec un ut dièse comme une maison. Divine surprise : Jonas Kaufmann mettant du corps, du coffre et quel slancio aussi dans son Chanteur Italien. Voilà qui est Festival. Pour le reste des Messieurs : Grundheber n’est que l’enveloppe du Faninal qu’il fut ; et Hawlata l’éraillement de son propre Ochs, qui d’emblée était faute de mieux.
Juste triomphe, aux éléments pourtant disparates. Et triomphe de la même équipe, lors d’un unique concert à Paris, quatre soirs plus tard au TCE, Ramon Vargas se glissant en Chanteur italien.
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