Siegfried de Wagner
Strasbourg, Opéra, 30 janvier 2009
Les miracles de Mc Vicar
Par sa variété de détails imaginatifs, Rheingold avait séduit ; par sa formidable réussite émotionnelle et dramatique, acte par acte, Walküre avait fasciné toujours, bouleversé souvent. Troisième volet du Ring mis en scène à Strasbourg par David McVicar, Siegfried fait mieux, réussissant à faire lire d’un trait les quatre-vingt minutes d’un premier acte d’une animation, d’un pittoresque, d’une réalité et d’une fantaisie à la fois sans exemples qu’on sache depuis bien longtemps ; mais réussissant en outre une scène finale où on dirait que c’est le très jeune Chéreau (celui d’avant le Ring) qui fait jouer les enfants de la Dispute (ici remplacés par des helden-gabarits, moins aisés à mouvoir) à découvrir l’attrait, le corps, la peur et le désir de l’autre, avec une justesse de gestes (ceux-ci toujours absolument en accord avec la musique, et avec les périlleux silences que celle-ci ménage).
Formidable réussite d’ensemble, au cœur central de laquelle le fantastique purement suggestif, touchant et mirobolant à la fois, de la forêt du II avec son oiseau, ses arbres, et Fafner-araignée remonté comme par enchantement à partir de ses propres morceaux qui traînaient déjà là. Surprise exquise d’un Siegfried élancé, fait au tour et qui chante jusqu’au bout, Lance Ryan ; portrait succulent de Mime-Nounou par Colin Johnson ; rudesses vocales, mais ut inattendu de Charbonnet-Brünnhilde ; Jason Howard est arrivé (tout de même !) au Wanderer, mais y montre la trame. Claus Peter Flor a réveillé, magnifié l’orchestre, lui a fait retrouver sa branche wagnérienne d’autrefois. Suite (Götterdämmerung) en 2011.
Laisser un commentaire
You must be logged in to post a comment.