MacBeth de Verdi, Paris, Opéra-Bastille, le 7 avril.
Pour deux premiers actes qui ne sont que péripéties, présages, attentats, 80 minutes de tension nulle, d’ennui. Il faut le faire ! Rien qui achemine l’inévitable, rien qui dise l’imminence, la clandestinité, le fantastique, la nuit, pas un personnage campé. Macbeth (Shakespeare + Verdi) est réduit à un schéma sur le pouvoir, des marionnettes gouvernant des silhouettes. Même aplatissement pour les timbres : avec tout le mal qu’il se donne (et à nous, le tournis), le chef Teodor Currentzis lisse le suffoquant, le glauque, le coupant, l’entrecoupé et le haletant spécifiés par Verdi : on a du Donizetti plus ample.
Pas plus de suffocation ni de nuit dans la complicité meurtrière (cauchemardesque pourtant, Dieu sait), simple propos dans un salon, entre le Macbeth et la Lady tout d’une pièce que nous a décidés le metteur en scène Dmitri Tcherniakov. Ils vont droit devant eux, sans épaisseur ni mystère. Propos cohérent donc, mais c’est la cohérence de l’aplati.
Ceux qui n’attendent rien de Macbeth se satisferont de performances vocales superbes : Violeta Urmana (trop claire pourtant, sans abîme creusé dans « La luce langue »), Dimitris Tiliakos mordant (sans plus), Ferruccio Furlanetto héroïque ; et de la poudre aux yeux (au banquet) d’un régisseur manipulateur. Et bon apôtre aussi, qui nous voudrait alignés, pensant comme il faut. Qu’il anime plutôt ses chœurs et nous fournisse des images, comme c’est sa compétence. A nous, spectateurs citoyens, de penser.
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