Werther de Massenet, Strasbourg, Opéra, le 4 mai.
Paul Groves, Werther modèle
Premier triomphateur, Massenet. Werther est un chef-d’œuvre scénique autant que musical, quand on le prend dans ses termes. On pouvait compter sur Michel Plasson pour cela. La bonne surprise vient de la mise en scène de Mariame Clément, qui a compris que vertu, devoir, décence, retenue, moteurs uniques d’une tragédie sans éclats (et exprimés par le chant avec la même discrétion) ne se transposent pas. On a donc le jardin, la famille, les obstacles, la clôture (la forêt y est aussi, refuge des solitaires, par la vidéo elle aussi discrète, opportune).
Pas d’éclats avec le premier Werther de Paul Groves : la phrase chante, pas seulement la note ou le mot, dans un français d’une sensibilité sublime. Son allégé, intense et modelé, intonation et ligne (déchirante) d’une viole : le pur génie mélodique que Massenet (comme Mozart) attend de ses meilleurs ténors. Toutes les nuances et gradations y sont (sans assombrir jamais) et, tout autant, le la dièse d’Ossian. Prude, suffoquant dans l’inavoué, de même délicatesse dans le non-dit, le suggéré, Béatrice Uria-Monzon joue le même jeu ; comme Marc Barrard en Albert et la délicieuse Hélène Guilmette en Sophie. Une superbe prise de rôle et, mieux, une équipe entière qui joue le même théâtre, chante le même Massenet.
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