ut pictura musica… e parola… Continuo XIX.VIII.XII

Denis Grenier
Ecrit par Denis Grenier

CONTINUO

*

Giovanni Bellini
Triptyque des Frari, 1488
Venise, Santa Maria Gloriosa dei Frari (Franciscains)
*
*
______________________________________
.
In nomine Jesu / Officium de Croce, Loyset Compère 1503
Les voix d’hommes aux timbres colorés de l’ensemble occupent l’espace, avec l’acoustique du lieu comme partenaire musical. Leur chant comme un flux mouvant de mélodies fait entendre le texte avec distinction, mais aussi insuffle à cette musique de la Renaissance tant d’émotions que la prière prend dimension humaine, l’expression anime les mots. La musique de ce compositeur franco-flamand si savante soit-elle prend une dimension de vive réalité.

Le nom Odhecaton de l’ensemble vocal est tiré de Harmonice Musices Odhecaton, le premier livre imprimé de musique polyphonique, publié à Venise par Ottaviano Petrucci en 1501.
.

*

*

*

http://www.odhecaton.it/multimedia/

http://yt.cl.nr/vcgRqHRgb0Y ou comment Odhecaton utilise l’espace

______________________________________
.
Recercada, Diego Ortiz
Au-dessus de l’orgue en continuo, une viole de gambe développe une mélodie, comme une improvisation, comme un moment de contemplation, avec équilibre et une expression pleine de charme et de sensibilité. Une telle spontanéité séduit.

Sonata a 4,   Giovanni Battista Riccio
Orgue, viole, flûte jouent avec  douceur  cette sonate polyphonique, la respiration qui anime le jeu donne à la musique de la présence, ou plutôt une manière de s’inscrire dans le temps.  Les interprètes jouent avec une sensibilité pleine de vie, et avec une pertinence qui donne un caractère d’évidence.

A division upon a ground for viola da gamba,   Christopher Simpson
La viole de gambe accompagnée d’un luth propose un ground, ou mélodie de basse, ensuite ornementée dans la suite de variations, la division, jouée ici loin de la virtuosité même si elle est là, mais de la spontanéité, un goût de la nuance extrêmement touchante émanent des interprètes, de la musique à chaque instant.
.
John kisse me now, William Byrd
Le clavecin interprète ici une polyphonie complexe anglaise, avec ses tournures virtuoses, une proximité avec la chanson de l’époque, mais aussi l’évocation de la danse, et ainsi un répertoire d’une écriture souvent savante est joué ici avec délicatesse et poésie.
.
de   Diego Ortiz
William Byrd
Christopher Simpson

*
*
_____________________________________
.
T’amo mia vita, Luzzasco Luzzaschi
Les madrigaux de Luzzaschi composés dans une écriture fort savante, avec des audaces harmoniques, étaient destinés à Ferrare à des interprètes habiles, chanteuses expertes et instrumentistes virtuoses. L’interprétation qui en est faite par La Venexiana est colorée, et la respiration qui anime ce chant lui donne chair et émotions.

Non sa che sia dolore
Une certaine mélancolie est entendue dans ce madrigal plus sombre, dans un jeu musical où le théâtre apparaît en filigrane.
.

*
*
_____________________________________
.
Suite 1, Johann Rosenmüller
La musique de Rosenmüller témoigne toujours d’une grande profondeur, et jouée ici avec gravité, mobilise l’attention, mais aussi l’émotion de l’auditeur. La méditation qu’elle suscite ne fait pas oublier le mouvement au sein de la mélodie, les traits qui se répondent aux divers instruments, et aussi des rythmes proches de la danse. A cette époque, le chant et la danse ne sont jamais bien loin. Au sein des nombreux mouvements aux rythmes variés qui composent la suite, les cordes frottées jouées avec finesse, et le luth avec élégance font entendre une musique expressive qui est touchante et d’un grand raffinement.
.
.

*

*

_____________________________________
.
Te Deum, Guillaume Bouzignac
De la brillance et des couleurs franches pour cet hymne à plusieurs voix qui se répondent, et les cuivres en second plan donnent un ton théâtral à une musique destinée à une fête religieuse. Un jeu entre les différentes voix, voix d’enfants, voix d’hommes, se poursuit et alterne entre passages chantés avec émotion et élégance, et d’autres plus victorieux, dans une mise en espace avec faste et belle allure.
.

*
*
_____________________________________
.
Ballets, Anonyme   /   Coperario   /   William Lawes
C’est une merveilleuse surprise que nous offrent ici les deux interprètes, à la flûte à bec et au clavecin, dans des arrangements pour ces instruments du répertoire anglais du début du XVIIè siècle. La vivacité et l’inventivité dont ils font preuve dans cette musique élargit l’appréhension de l’écoute. La proximité du chant que l’on peut imaginer avec l’audition de cette interprétation est associée à une complexité des ornements et des traits rythmiques. La musique et non la convention, dans ces ballets, est proposée dans un jeu qui donne place à la liberté, comme une part d’improvisation, que l’on peut attendre à cette époque.
.
William Lawes
.
Andreas Staier
*
*
______________________________________
.
Noibil Onda,   Adelaïde, Nicolo Porpora
L’élégance au sein de l’ensemble instrumental et la voix pulsatile de la chanteuse concourent à interpréter cet air d’opéra avec présence dramatique. Les interprètes font entendre du compositeur Porpora napolitain une rencontre entre musique et théâtre avec l’expressivité de la mélodie accompagnée.
.
.


*
*
______________________________________
.

Alain Leblond, organiste, compositeur, artiste visuel

Burlesquement

L’écriture polyphonique, ou superposition de mélodies, de cette pièce est interprétée par un quatuor de cuivres. De la tonicité exubérante au sein de l’écriture polytonale.

Stigmates / Saint François

Une introduction de voix homophoniques aux cordes frottées aux valeurs longues fait entendre une sorte de recueillement. Puis flûtes à bec, et bois ont été choisis dans l’ensemble instrumental pour apporter mouvements et polyrythmie.

Prélude / Jazz ecclésiastique

Une méditation qui se développe en une suite d’accords aux harmonies ouvertes explorées par les musiciens de jazz.

Aliénation

La musique est conduite par l’invention mélodique distribuée aux divers instruments de l’orchestre,  une grande lisibilité des timbres, et est ressentie l’expression d’une tension montante, une oppression marquée par l’impossibilité de la respiration.

*

*

Collaboration

Thérèse Bécue

Laisser un commentaire