ut pictura musica… e parola… Continuo II.IX.XII

Denis Grenier
Ecrit par Denis Grenier

CONTINUO

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Frans Santacker
Groupe faisant de la musique, vers 1670
La Haye, Bredius Museum
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D’un œil pleurant, Paschal de l’Estocart

Les voix se superposent après des entrées en canon pour chaque nouvelle strophe, selon la polyphonie du XVIè siècle, dans l’art de la chanson française, et elles chantent le texte avec intelligibilité. De la musique émane une profonde sérénité avec cependant des nuances émouvantes, et aussi la teneur touchante des voix par leur proximité. La force de la tenue de chaque mélodie s’appuie sur un profond équilibre et convainc l’auditeur attentif par la sincérité généreuse dont témoigne l’ensemble avec grande élégance.

http://www.youtube.com/watch?v=ilt6yxMj9CE

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Suite, John Jenkins

Le consort dans la musique anglaise fait entendre 4 violes pour une polyphonie à 4 voix, selon une tradition encore vivante aujourd’hui pour les interprètes. John Jenkins est un des compositeurs du début du XVIIè anglais dans le répertoire pour le consort. La Suite qui est entendue ici est composée dans la tradition de la fine complexité  de William Lawes [Jenkins composera d’ailleurs une pièce vocale, l‘Élégie sur la mort de William Lawes]: on retrouve en effet l’alliage d’une mélodie toujours prête à chanter sur l’une ou l’autre viole, en réponse ou en contrepoint avec une autre voix, à une impulsion rythmique qui naît de la danse. Il forme ainsi une dynamique qui structure la pièce avec une richesse harmonique qui donne de l’ampleur à l’écriture contrapuntique. Les 4 violes sont merveilleusement jouées par l’ensemble Phantasm et les sonorités que produisent les interprètes font vivre cette musique anglaise avec vivacité.

http://www.youtube.com/watch?v=RwC_pihGg-I

http://player.qobuz.com/#!/album/0822252212020

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Levamtese et pemsamento, Anonyme portugais du XVIè siècle

Em mi gram sufrimento

Au-dessus des violes qui soutiennent la mélodie, les voix se succèdent, puis se superposent pour interpréter une mélodie mouvante et animée d’inflexions expressives par les harmonies en intervalles clairs ou dissonants. La mélancolie est chantée par de belles voix, et la sensibilité magnifique qui est exprimée comme avec une certaine nostalgie est touchante, familière et venant d’ailleurs à la fois.

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Ricercar 2 en la, Domenico Gabrieli

Le violoncelle de Bruno Cocset, fabriqué par Charles Richet, est joué avec tant de liberté qu’on a l’impression que la musique est adressée directement à l’auditeur qui y prête l’oreille : un art de l’articulation et de la nuance qui fait oublier la virtuosité de l’interprète parce que la musique qui est jouée ici est pétrie de vie, et chaque son qui naît sous l’archet du violoncelliste, sans couvrir le son produit par la pose des doigts de la main gauche sur le manche du violoncelle, est entendu nécessaire et fondé.

http://www.youtube.com/watch?v=96Hxsz-x7Lo

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Cantate BWV 25 Es ist nicht Gesundes an meinem Leibe, Johann Sebastian Bach 1723

Un texte de l’Evangile de St Luc de Jésus et les Dix Lépreux, et le psaume sont chantés dans cette cantate par des voix expressives et des instruments aux timbres clairs et choisis, avec une présence qui anime les sentiments exprimés en toute humilité, dans une grande richesse de couleurs, avec cependant des moyens sans aucun artifice. La magie du pouvoir de l’expression religieuse et cependant pleine de chair opère dans la nudité des timbres, chantée par le choeur dans la première pièce. Puis le récitatif, d’une voix légère et tenue par le ténor annonce l’aria chantée à la basse avec basse continue, orgue et violoncelle, où l’émotion est centrale au sein de cette aria.

La voix de soprano qui succède partage la douleur qui est exprimée alors. L’ensemble orchestral avec de longues tenues sur un motif à la basse à trois temps entonne comme une danse qui tourne et le mystère de la musique de Bach se répète une fois de plus avec ces interprètes, pour une musique qui touche et anime. Le choeur reprend le psaume que connaissait à l’époque l’assemblée, et ainsi les fidèles pouvaient chanter avec le choeur. Ainsi se termine ce moment de prière et de musique.

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Recercada sopre O felici occhi miei, Diego Ortiz

La subtilité du luth et de la viole de gambe alto laisse entendre une mélodie délicate et fort touchante jusqu’au plus vif, comme une mélopée improvisée dans un moment de pure musique, un accord avec l’instant

http://player.qobuz.com/#!/album/0829410879453

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Pavana à la mémoire de Lord Pagget 1590, Peter Philips

Au clavecin, une pavane avec son rythme élégant et gracieux et une si délicate mélancolie.

Lasso, non è morire 1603

Après une introduction par les violes et une flûte douce, les voix chantent ce madrigal d’un compositeur catholique qui a vécu quelques années à Rome avant de regagner la Hollande.

http://player.qobuz.com/#!/album/3760135100156

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Concerto per la harpa HWV 294, Georg Friedrich Händel

A la harpe double et à l’orgue, ce concerto qui a résonné si souvent à nos oreilles dans une distribution instrumentale différente est interprété avec impulsion dynamique pour une réjouissance de l’écoute : dans un jeu de motifs, de réponses, joué avec une merveilleuse habileté,  les interprètes insufflent une respiration, la musique se déploie avec un goût de l’ornementation, et l’expression de gaieté, de jovialité enveloppe le dialogue des deux instrumentistes.

http://player.qobuz.com/#!/album/8424562213036

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Sonata da camera en do mineur op 1n° 1, Johann Gottlieb Janitsch

Le hautbois est le personnage central en dialogue avec la flûte pour cette musique élégante et expressive, dans cette sonate [d‘un compositeur de la Cour de Frédéric II de Prusse, à Postdam ] d’une écriture propre à émouvoir avec ses dissonances et ses harmonies, une écriture encore contrapuntique, mais aussi structurée autour de plusieurs thèmes  répétés, dans un chant qu’échangent les deux instruments à vent, pour le charme de l’oreille.

http://player.qobuz.com/#!/album/0722056263825

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Op de Tweedraght der Christe Pincen, J.V. D Vondel

Ce chant évoque la chanson populaire dans une écriture savante à quatre voix, la musique franco-flamande sait rassembler les deux univers pour l’interprétation avec ferveur et clarté de ce premier chant, avec les sonorités de la langue qui lui donnent un relief particulier.

Symphonia in nuptias Mathael Steyn et Mariae, Cornelis Tymanazoon Padbrué

Les violes en consort pour cette symphonia du Nord jouent le chant inscrit dans la polyphonie et l’esquisse d’une sensibilité à fleur de peau, avec toujours de l’élégance au détour des courbes que dessinent les archets sur les cordes.

http://www.camerata-trajectina.nl/?page=0039

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Sonata duodecima a doi soprani e tromboni, Dario Castello

Une flûte enthousiaste et pétillante dans l’ensemble instrumental joue un premier mouvement sur un rythme enlevé . Puis sur une basse aux cordes pincées, une viole chante avant que l’ensemble ne reprenne comme un refrain. A leur tour, deux flûtes jouent une double mélodie, accompagnées au clavecin, et le jeu se déploie dans un mouvement rapide.

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Chaconne des Arlequins, Jean-Baptiste Lully /

Les Airs à la Cour, de Lully, sont transcrits au théorbe par Robert de Visée, luthiste à la Cour de Louis XIV et le professeur du Roi.

http://player.qobuz.com/#!/album/0722056267328

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Collaboration

Thérèse Bécue

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