Diego Velazquez (1599-1660)
La Reddition de Breda, ou Les Lances, vers 1634
Huile sur toile – 367 x 307 cm
Madrid, Musée du Prado
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Emission du dimanche 3 février 2013
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Sony Vivarte, SK 68 258, 1996
Missa, L’Homme armé, Mattaeus Pipelare
Les différentes parties de la Messe sont chantées par un ensemble de voix d’hommes, aux timbres clairs et riches, l’ensemble Huelgas, dans une polyphonie large, un grand espace sonore. Une grande sérénité en même temps qu’une immense humanité sont exprimées au fil des mélodies qui se superposent et qui chantent, et toutes ces courbes, ces mélismes invitent dans un autre temps, avec la générosité des couleurs qui ondulent offertes par les voix de ces hommes qui semblent bien debout ancrés au sol, mais aussi l’élément air nourrit la sonorité, élément vital au sein de la respiration que l’on ressent dans le mouvement incessant.
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agOgique, AGO007, 2012
Fantazia 3, Henry Purcell
Fantazia upon one note in re,
Fantazia 6
Ces Fantaisies sont jouées par les cordes frottées des beaux instruments des Basses Réunies, et évoquent l’écriture de la polyphonie de l’Art de la Fugue, de JS Bach. La profondeur et la densité de la musique entendue émanent de ces pièces, alliées à une dynamique du contrepoint construit d’équilibre et de chant, une invention qui renouvelle les motifs, les rencontres entre les voix, l’expression de la couleur, et l’interprétation qui en est faite est d’une présence sans faille, d’une liberté donnée pour la prérogative de la musique riche de l’intériorité de la méditation, et de l’émotion qui anime chaque instant.
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“Tout comme L’art de la Fugue de Jean-Sébastien Bach, jouer ces pièces s’apparente à une forme d’initiation. Le labyrinthe exploré révèle à l’infini des pans d’inconnu , de solitude et d’interrogation. C’est à ce partage que cette lecture vous convie. Peut-être aurons-nous ensemble, c’est mon souhait le plus cher, cette sensation d’en sortir “différent”, voire transformé …”
Bruno Cocset
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http://la-place-traversiere.tumblr.com/post/40506083290/henry-purcell
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Henry Purcell
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Ricercar, RIC 331, 2012
Che la dira, Adrien Willaert
E se per gelosia,
Issue de l’univers flamand, en échange avec la Vénétie, une pièce expressive, teintée de mélancolie, propose une polyphonie avec une fort belle mélodie pour le dessus, chantée d’une voix de chair au timbre qui laisse entendre le grain, avec les instruments aux autres voix.
Puis une seconde pièce enjouée, un peu teintée d’humour et d’ironie, pleine de vie, succède, avec un jeu entre flûte et voix.
A la fontana, Giovanni Bassano
La flûte reprend ensuite dans cette polyphonie, au-dessus des cordes du luth, une belle mélodie habillée non seulement d’ornements, mais aussi de divisions. L’imagination pleine de vie anime le dessin et le mouvement de ce chant donne une vie pétillante à ce moment de musique.
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Glossa, GCD 920304, 2000
Tiento du 2è ton … sobre la letania de la Virgen, Paolo Bruna
Sur une écriture fuguée, un instrument à vent grave à anche double dialogue avec les cordes frottées du violon, avec un rythme dansant, avec un allant solide et tranquille. Le contrepoint qui résulte de l’ensemble est plein de surprises, entre ricercar et danse, dans une suite de variations pour le plus grand plaisir de l’auditeur, séduit par le mouvement des instruments aux couleurs diverses, aux contrastes qui apportent du relief.
Registro alto de primer ton, Andrès de Sola
L’orgue, avec un timbre doux et présent, joué avec légèreté, un jeu d’orgue comme on oublie trop souvent qu’il est possible, et le violon, en dialogue riche de mélismes et de fioritures, évoquent une musique de danse, et des personnages qui évolueraient sous nos yeux, une manifestation de vie, en musique et en mouvement.
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Lauda, LAU 001, 2005
Musica para don Quijote, Anonymes espagnols
La polyphonie fait entendre un mouvement de danse, entre flûte et cordes, puis les voix interviennent dans une alternance de couplets à une voix, et de refrains. Les entrées en imitation jouent avec des mélodies qui reprennent un motif sur un intervalle ascendant qui souligne un ton, une couleur de paysage sonore, avec des voix plutôt réalistes, et une dynamique de mouvement.
Une mélancolie un peu rude, comme on ressent à la traversée de la Mancha, apparaît ensuite dans la pièce avec les voix s’appuyant sur l’orgue, et la polyphonie s’invente entre voix et flûte, jusqu’à une partie homophonique à toutes les voix, qui ponctue le propos d’une beauté sans artifices, d’une couleur presque réaliste.
Puis un morceau sur un motif comme une plainte, dans une construction à plusieurs voix distribue les lignes entre voix et instruments, entre couleurs et traits, pour un tableau sonore d’une grande expressivité.
La vihuela introduit une voix de contre-ténor animée d’une grande vivacité, avec des rythmes marqués, en dialogue avec une voix de femme qui s’appuie sur les graves du timbre, puis ce chant dynamique et vindicatif se poursuit sur une rythmique qui évoque le Sud, l’Andalousie, avec les accords battus aux cordes.
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Triton, TRI 331116, 2000
Tiento sobre la letania de la Virgen, Paolo Bruna
Sur un orgue restauré avec une grande beauté des timbres, dans la Manche, en Normandie, le tiento sous les doigts de l’organiste fait entendre un jeu de mixtures d’une grande présence pleine de lumière, dans cette ligne entendue précédemment, qui se cherche, au-dessus de voix au timbre de tuyaux à bouche, principal ou montre, entre dialogue et accompagnement. Une interprétation tranquille et forte à la fois, sans fioritures, ni complaisance au service du chant qui se déploie avec précision sous les doigts de l’organiste, et fait entendre le tiento comme une patiente aventure, et la musique s’ouvre comme un profond paysage, avec ses nouvelles lignes et sa profondeur de champ.
Tiento lleno de segundo tono, Anonyme espagnol du XVIIè siècle
La deuxième pièce jouée d’abord sur les jeux à bouche en mixture, constituée de plusieurs parties ou variations, propose encore avec l’art d’un chant qui respire, des rythmes propres à la musique espagnole et ses scansions, une dynamique singulière, un tiento qui s’ouvre à nouveau sur les jeux d’anches, d’une gouaille toute particulière, d’une matière qui appelle le toucher, d’une acidité ambrée, et les éclats emplissent l’espace, et l’oreille de celui qui écoute. Une interprétation qui a de l’allure, comme d’une démarche sûre, d’un interprète dont le mouvement est musique.
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Atma, ACD2 26 2010
Nobil donna in rozzo manto, Marco Marazzoli
La voix de l’interprète est soutenue par les cordes du luth, pour une mélodie qui récite une poésie avec une mélodie expressive qui suit le mot, au plus près du mot avec une intonation pertinente et une sensibilité ouverte de la musique à la poésie. S’adjoignent le clavecin et la viole de gambe, en continuo, quand le propos s’anime. La voix par son timbre et ses inflexions rend vivant chaque instant, fidèle à l’esprit du madrigal.
Canzona secunda a basso solo, Girolamo Frescobaldi
La basse de viole alliée au luth chante d’une voix proche de la voix humaine une canzona avec ses volets aux rythmes différents, binaires simples ou pointés, ou ternaire qui évoque la gigue. L’orgue intervient avec sa matière d’instrument à vent, et en complicité avec le luth, ils soutiennent les cordes qui font entendre un chant prolixe dans une tessiture large et ouverte, avec la malléabilité étonnante de l’instrument grave à cordes frottées.
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Zig Zag, ZZT310, 2012
Concerto pour violoncelle RV 420, Antonio Vivaldi
Au violoncelle baroque est confié le chant toujours inventif de Vivaldi, avec une dynamique dans laquelle chaque son est animé de la vie de l’instant, en dialogue avec les autres instruments. L’instrument respire, et la jubilation qui n’est jamais loin est une véritable source de musique, chaque geste se fait musique. L’expressivité propose et l’imagination de l’auditeur est interpellée à chaque seconde par le mouvement qui est donné, comme une véritable chorégraphie musicale.
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Globe, GLO 6038, 1996
Grenade ende vrede, compositeurs hollandais, XVIè et XVIIè siècles
Au XVIIè siècle, aux Pays-Bas, cette musique fait entendre la langue de cette région avec ses couleurs particulières, une articulation sur des sonorités qui ne sont pas coutumières à tous, dans une chanson qui semble raconter la vie dans ces lieux, à cette époque. La flûte douce danse et fait chanter et danser deux voix, homme et femme, aux timbres réalistes, dans une musique enjouée qui peut-être évoque tant soit peu la musique irlandaise, par son alliage danse et récit populaire, comme si la danse pouvait l’emporter sur les humeurs et les sentiments qui traversent les esprits.
Les tournures mélodiques évoquent parfois également l’univers de la musique anglaise, et font entendre comme circulent d’un pays à l’autre déjà aux siècles passés des couleurs, des mouvements, des timbres et des lignes, mais peut-être un geste plus large de la mélodie, aux courbes plus rondes.
Cependant, chaque alliage forme un ensemble particulier à nul autre pareil, par un « je ne sais quoi » de l’atmosphère du temps qui passe.
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Alpha, 128, 2007
Trio pour baryton, Hob XI, Joseph Haydn
L’invention dans l’écriture de Haydn est à la fois un art du contrepoint, un goût de la mélodie, un jeu avec la structure de la facture classique, pour un ensemble foisonnant d’idées, pour une musique qui révèle à l’auditeur attentif un ensemble de trésors, de surprises, et les interprètes ici au violon, à l’alto et au violoncelle baryton prêtent à ce jeu une souplesse et une expressivité pleine de sensibilité, et vont au-delà de la convention de l’écriture tonale et ses modulations, dans un goût du détail.
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Commentaires de Thérèse Bécue
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