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William Lawes
1602 – 1645
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Emission du dimanche 3 mars 2013
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EMI, CDC, 7 49034 2, 1983
Missa Sancti Henrici, Heinrich Ignaz Franz Biber
En réponse aux voix d’enfants, le choeur et l’ensemble orchestral entonnent le Gloria ; puis une voix de baryton chante en solo, à laquelle répond le choeur de voix d’enfants et d’hommes, sur un motif chromatique, traité avec ampleur. Les cuivres soulignent la magnificence, et se poursuit l’Ordre de la Messe, confié aux diverses parties ainsi distribuées, selon la tradition qu’a connue Biber.
La polyphonie aux riches harmonies est dense, sonne, et fait entendre une superposition de lignes tenues, mélodies de bel équilibre.
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Ars Musici, AM 1158-2, 1996
Offertoire pour Saint Jean Nepomucène, Karl Ditters von Dittersdorf
Avec cette œuvre de musique religieuse de la seconde moitié du XVIIIè siècle, en Autriche, Ditters n’est pas sans évoquer à nos oreilles les tournures mélodiques, et l’écriture de compositeurs autrichiens qui lui sont contemporains, et nous sont familiers, tels Haydn, Mozart, avec ce mélange de gravité dramatique et de truculence de cette période d’écriture classique et de grand développement de l’opéra.
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Virgin Classics, VC 7 91187-2, 1991
Division for two bass viols and organ, in G minor, William Lawes
Avec le duo de basses de viole, et l’orgue en dialogue, est proposée une profonde méditation, avec un art poétique de la mélodie, avant de se déployer en variations, ou divisions, selon l’inventivité sensible et portée par ces instruments de grande expressivité, une véritable exploration de la mélodie initiale pour un éventail d’expressions touchantes et de grande finesse. L’alliage des sons tout en nuances de la viole de gambe et des sons émis par les tuyaux du petit orgue positif, sur lequel les lignes sont jouées avec une articulation et une ornementation discrètes, est émouvant.
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Mirare, MIR 177, 2012
I rise and grieve, Henry Lawes
Inscrite dans les mots de la poésie, l’ambivalence, le propre de la mélancolie, est aussi dans la musique entre un timbre de voix qui peut tout aussi bien faire entendre des éclats que tendre vers une voix blanche, entre l’expression d’un dynamisme toujours renaissant, dans un chant aux motifs ascendants, et un repli vers une statique faite de longues tenues, de courbes où la couleur se fait plus voilée.
La voix s’entrelace avec en contrepoint le théorbe et la ligne de la basse de viole, avec une mélodie et ses traits ascendants au-dessus d’une harmonie délicate et un peu sombre qui explore la dissonance et par instants tend l’expression, …
Or you, or I, nature did wrong, Henry Lawes
Sur les sonorités de la langue anglaise, peut-être bien teintée d’humour – spécificité anglaise – une mélodie rythmée, aux tournures appuyées est chantée par une voix vive sur un ton espiègle, avec la complicité des instruments.
Almain, Courante, William Lawes
Clavecin et luth chantent ici cette polyphonie de William Lawes, avec des mélodies simples et gracieuses, dans une souplesse avenante, et sans artifices, pour un doux moment de poésie avec ses couleurs souriantes dans une lumière tamisée.
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Aparte, AP041, 2012
Hortulus Chelicus, suite n° 8 en mi majeur, Johann Jakob Walter 1650 – 1717
Un chant se déploie au violon, la phrase reprend ornementée, puis le récit continue, en complicité avec les autres instruments, théorbe, clavecin, et viole de gambe.
Les mouvements de la suite, avec ses rythmes différents, donne au violon l’occasion de jouer avec les courbes mélodiques, dans un geste ludique, inventif et d’une grande diversité, expressif et musical.
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Lauda, LAU001, 2005
Musica para don Quijote, Divers compositeurs espagnols
Sur un rythme de danse, accords battus à la guitare, et percussions, en dialogue avec la flûte à bec, deux voix alternent pour un chant d’allure populaire. Les cordes frottées s’adjoignent pour une musique tonique, et le chant reprend avec verve pour une mise en scène musicale des aventures de Don Quichotte, figure du premier écrit imaginaire, avec l’illustration des émois, des élans, de la ferveur qui animent le célèbre personnage.
Puis avec une pièce instrumentale marquée d’une grande et profonde mélancolie, est joué un dialogue entre flûte et viole de gambe avec une fort belle écriture mélodique.
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Tactus, TC 510002, 2000
Variazioni per il paggio tedesco, Bernardo Pasquini
Sur des sonorités un peu voilées des jeux de fonds de l’orgue italien, la pièce ouvre ses premières propositions mélodiques. Puis avec le ripieno dans ses diverses formes, on peut entendre plusieurs variations.
Onder een linde groen, Jan Pieterzoon Sweelinck
Sur un fond de jeu de rossignol, la mélodie du chant Unter den Linden harmonisée avec des intervalles simples, va ensuite être reprise dans plusieurs variations, avec une certaine rudesse de tournures mélodiques qui avec un charme irrésistible, fait entendre cet alliage de chant populaire, et de jeux imitatifs et de jeux en notes répétées sur les claviers de l’orgue.
Galliarda in D, Heinrich Scheidemann
Avec la gouaille des jeux d’anches, une gaillarde avec ses jeux en notes répétées, et ses accords brisés avec une articulation tonique, joue avec l’acoustique du lieu, dans un goût des timbres qui fait entendre jusqu’à la matière et au grain.
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Globe, 6058, 2004
Het Antwerps Liedboeck, Tandenmaken op den, Manuscrit d’Anvers 1544
Dans la langue hollandaise entendue ici avec ses sonorités spécifiques, musique déjà en elle-même dans ses résonances, un dialogue de chant populaire est accompagné d’une harpe, pour le contrechant.
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ZigZagTerritoires,ZZT310,2012
Concerto pour violon RV 235, Antonio Vivaldi
L’oeuvre de Vivaldi jouée par Gli Incogniti est entendue avec un trait incisif et raffiné, et des couleurs si nuancées que le paysage attise la curiosité de l’oreille. La complexité ainsi ouverte est un enchantement et une découverte.
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Stradivarius,STR33877,2010
La voix de soprano de Peggy Belanger et le théorbe de Michel Angers.
Chiamata a nuovi amori, op 2, Barbara Strozzi
La voix d’une grande souplesse, et aussi d’une grande expressivité chante ce madrigal et touche l’oreille qui l’écoute par les sentiments qui l’animent, plus spécifiquement la dolcezza. Barbaro Strozzi – fille de Julio Strozzi – virtuose de la voix, participait à un cercle d’hommes artistes et musiciens en discussion sur les questions d’expression artistique, et : « pour exprimer un chagrin d’amour, quoi de mieux que le chant » !?
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Commentaires de Thérèse Bécue
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