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Laurent de La Hyre, Paris 1606 – 1656, Allégorie de la Musique, 1649, Huile sur toile, 105.7 x 144.1 cm, New York, Metropolitan Museum of Art
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Émission du dimanche 14 avril 2013
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Arcana, A 367, 2013
I dodici giardini, Santa Caterina da Bologna 1413 – 1463
Un écrit poétique de Sainte Catherine, femme cultivée, musicienne, de multiples talents, du Couvent des Clarisses de Bologne, au XVè siècle, ponctue des pièces musicales interprétées par des voix pures et cristallines dans la première pièce, et la dernière, puis la seconde pièce fait entendre une voix gouailleuse d’un contre-ténor sopraniste, accompagnée d’instruments aux timbres colorés, aux personnalités marquées par les matières et les gestes qui les font sonner. Une mélodie reprend plusieurs couplets, une prière. Puis plusieurs voix, sans instruments, chantent une polyphonie aux harmonies qui font goûter le jeu des intervalles de rencontre des lignes du chant. Les cordes pincées, frottées s’ajoutent aux instruments à vent pour tracer ensuite tout un tableau sonore, les couleurs et les touchers ne sont pas loin, et même le mouvement de la danse s’entr’aperçoit.
Les jardins sont remplis de saveurs auditives.
Sur une ligne tenue à l’orgue, la harpe développe une ligne inventive en jeu avec la ligne continue, les cordes pincées au son évanescent font courir des sons autour d’un trait dessiné et souple. Puis la voix fine entrelacée avec le son de la flûte douce, portée par les harmonies dansantes aux cordes pincées, chante avec douceur et conviction une mélopée.
Un véritable bouquet de couleurs sonores invite l’auditeur à prêter attention à un monde religieux de poésie, où le corps est convié avec toute sa sensibilité, dans le XVè siècle de Bologne, une autre façon de prendre connaissance que par le parcours intellectuel de l’historien, avec texte et musique pour la “traversée en trois jours des douze jardins pour rejoindre l’Aimé”.
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Zig Zag Territoires, ZZT 319, 2013
Recercar del decimo tono, Ascanio Maione 1565 – 1627
Recercar sopra il canto fermo di Corado Festa
La harpe, instrument polyphonique sous les dix doigts qui pincent les cordes, fait entendre deux Recercari : la magie opère, et le chant des diverses voix qui composent cette recherche polyphonique conduit le mouvement des mélodies, qui traversent des couleurs, des instants comme de véritables objets éphémères, dans une liberté de l’impulsion née du chant lui-même.
Sur la voix de teneur jouée à l’orgue, se superposent les cordes de la harpe dans un second Recercar, dans une alliance émouvante.
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Ricercar, RIC 332, 2013
Remember not, Lord, our offenses, Henry Purcell
Une polyphonie, riche de ferveur et d’émotion, résonne chantée par les voix de l’ensemble vocal et ses harmonies complexes, aux dissonances expressives, aux mouvements motivés par le chant.
http://player.qobuz.com/#!/album/5400439003323
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Urania, Leonardo, LDV 14009, 2012
Fantasia, Cuthbert Hely
Division on a ground, Anonyme anglais
An italian ground,
Le luth fait entendre avec une certaine mélancolie douce les mouvances incessantes des couleurs et des lignes, comme la surface d’une mer plutôt calme sous un ciel voilé.
Puis en dialogue avec la flûte, le luth joue une musique allante, aux couleurs celtiques, entendues en Bretagne ou en Irlande de nos jours ! La danse est appelée par cette ritournelle. La ritournelle qui suit, plus mélancolique, rappelle le chant de la nostalgie, comme le temps du souvenir.
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Brilliant Classics, 94478, 2012
Sonata quinta, Giovanni Battista Buonamente
Cette sonate fait entendre le jeu des instruments qui peu à peu s’émancipe de l’écriture vocale. Chaque spécificité instrumentale est servie, la flûte avec sa légèreté, le cornetto avec son charme sonore dans le tracé des courbes, le basson et sa couleur, les cordes du violon sur lesquelles l’agilité et le jeu de la nuance, l’attaque des sons, la vivacité se déploient dans une réelle simplicité, pour cependant le goût de la mélodie, qui chante et fuse dans tous ces reliefs.
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MAAC, Antenna 2, 8 85767 16951 7, 2012
Te Deum, Francisco Antonio de Almeda
Dans la première moitié du XVIIIè siècle, ce compositeur de Lisbonne, qui a résidé en Italie, particulièrement à Rome, a composé de nombreuses œuvres vocales, mais aussi des pièces d’orgue. Le Te Deum retentit dans un espace de couleurs et aux lignes larges, avec les cuivres qui sonnent, une musique de gloire et de panache, chantée et jouée avec tonicité, et laisse entendre la magnificence qui a pu briller à cette époque dans la grande Ville blanche, Lisbonne haut lieu d’histoire. Le chant est aussi un hommage à la beauté, dans le langage éloquent de l’époque.
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Ricercar, RIC 319, 2011
Auf meinen lieben Gott, Georg Böhm, 1661 – 1733
Le choral est d’abord joué seul, comme un chant. Puis sur les timbres variés et de belle facture, les variations chantent les unes après les autres, dans leur diversité d’expression. L’interprète conduit cet instrument en trois dimensions avec une maîtrise dynamique, mais aussi la poésie du peintre et du sculpteur, qui choisit ses jeux, les marient avec goût et finesse, pour une perception de grande clarté. Les différentes voix respirent, dans un dessin de matières et de traits. La musique de Georg Böhm chante à ravir, avec force et sensibilité à la fois.
L’orgue du Nord de l’Allemagne est toujours à redécouvrir, dans un foisonnement inépuisable, haut en couleurs et émotions.
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Alpha, 115, 2007
Que mon martire me serait doux, Anonyme XVIIIè siècle
La flûte chante, la voix, gracieuse et labile, ornemente la ligne avec habileté, le luth égrène un contrechant et ses harmoniques et porte voix et flûtes. Les arabesques se dessinent avec sensualité et délicatesse, et cette chanson oscille entre jouissance et mélancolie comme le texte le suggère, avec la complicité des timbres, des lignes et des frottements harmoniques.
http://player.qobuz.com/#!/album/3760014191152
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Brilliant Classics, 94306, 2012
Sonate n° 2 en ré mineur, pour violoncelle et basse continue, Francesco Maria Zuccari / Assise
Praeludio, Andante, Moderato, Allegro, Presto
Le violoncelle baroque, aux sonorités riches en matière mène un discours avec une certaine gaité, sur des motifs légers et touchants, presque innocents, accompagné et soutenu par les harmoniques d’un orgue un peu espiègle. L’instrument baroque, aux cordes en boyau, fait entendre avec un grain proche de celui d’une voix, un chant avec une articulation fort pertinente, proche de la diversité des possibilités d’un langage parlé : attaques, silences, nuances, le jeu est d’une vivacité pétillante sous l’archet de Renato Criuscolo.
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http://musicaperduta.jimdo.com/discographia/
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Naïve, V 5264, 2012
Del mio destin tiranno, Carl Heinrich Graun
Cet air chante l’histoire de Montesuma, 1755, composé par CH Graun, à la Cour de Frédéric le Grand à Berlin, qui écrivit lui-même le livret : l’opéra baroque berlinois, à la Cour de Prusse, dans un langage XVIIIè illustré et coloré de la lumière et des traits de l’opéra italien contemporain, conséquent au voyage en Italie du musicien. La voix, à la chair moirée, aux harmoniques riches en graves, exprime le tragique de l’Histoire, sur une ponctuation des cordes de l’ensemble des cordes, qui porte aussi le texte, l’habille, l’ornemente, en dialogue avec la voix, comme le faisait le choeur dans le théâtre antique.
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Carpe Diem, CD-16292, 2012
Pastime with good company, Henri VIII
C’est un plaisir immense d’écouter l’ensemble La Capella della Torre, avec ses instruments si vivants, et leur sonorité à fleur de matière, un esprit de la danse dans une pulsation comme spontanée, et la voix du ténor d’une franchise sensible et expressive.
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Dreyer Gaido, NDR 1, CD 21075, 2013
Airs, Henri VIII, Anonyme anglais, Fabrito Caroso
La Renaissance, intemporelle ou contemporaine ? Cette pièce anglaise invite les percussions à se joindre à la danse, et les rythmes balancent un peu plus, le mouvement arrive jusqu’à l’oreille.
Puis le serpent et l’instrument à anche, la petite flûte en verve, sur fond de petites percussions, complices avec les cordes, aux diminutions propices à une dynamique, élargissent la palette aux possibilités des couleurs jazz, et à une accentuation qui libère l’invention harmonique. Dans les sentiers de découverte, le temps s’ouvre sans mesure.
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Commentaires de Thérèse Bécue
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