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Orfeo
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Émission du dimanche 5 mai 2013
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Arcana, A 367, 2013
I dodici giardini, Santa Caterina da Bologna
Catherine de Bologne, musicienne et poète, a composé ces Douze Jardins, oeuvre mystique. La traversée de chaque jardin est la mise en musique d’un texte poétique.
Les voix de femmes se superposent dans un contrepoint de lignes dans une tessiture restreinte, avec des intervalles harmoniques de rencontre. Puis une voix reprend au-dessus d’instruments à cordes pincées, et frottées, dans un contrepoint savant aux raffinements rythmiques. Une luminosité et un sentiment de confiance émanent de cette pièce. Le chemin qui conduit la traversée des jardins, avec la couleur des percussions, est empreint d’une force et d’une conviction, dans une diversité des mélismes.
Le texte – Ces Douze Jardins évoquent le Cantique des Cantiques – est pleine partie prenante du chant par les sonorités de la langue, dans une mélodie aux motifs en courbures, des lignes qui se frottent, aux dissonances qui témoignent de force et de profondeur, dans un spectre de couleurs qui miroitent à l’oreille, pour cependant l’expression d’une grande douceur, une suavité tendre.
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Harmonia Mundi, HMU 907478, 2008
Hashkivenu, Salomone Rossi
A la fin du XVIè siècle à Mantoue, Salomone Rossi compose des pièces vocales sur des textes hébraïques. La mélodie émouvante, chantée par une voix de ténor, est accompagnée par un consort de violes avec toute la souplesse et la sensibilité qui souligne et enveloppe cet air, aux intonations expressives.
Pieces from the Lumney Part Books, Anonyme / Albert Kellim
Le consort de violes interprète ces courtes pièces avec le goût du chant pour chaque ligne, si proche de la voix. Avec une limpidité et une présence sensibles, une proximité du son, la famille des violes, du dessus à la basse donne à entendre un moment de musique d’une densité généreuse.
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http://player.qobuz.com/#!/album/0093046747824
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Ricercar, RIC 333, 2013
De che te pasci Amore, Johannes Ghiselin / Verbonnet
Dans cette musique aux couleurs de la modalité, le violon se fait entendre en dessus, avec une poésie et une délicatesse, mais aussi une présence, par son timbre clair et une malléabilité et une précision qui lui donnent une force, même dans la légèreté. Mais la modalité et le contrepoint sont les fondements du langage, et les autres instruments, cordes pincées, cordes frottées jouent à parts égales, avec quelques voiles de brume.
Amor che me tormenti, Sebastiano Festa
Le violon dans cette seconde pièce chante avec le luth en continuo, plus proche de la seconda pratica, le contrepoint ayant une part de fond et le jeu d’imitations et de répons soulignent l’expressivité de la ligne mélodique tenue par le violon. Avec une labilité et une vivacité dans les mélismes et les ornementations, la mélodie prend une indépendance instrumentale.
Mirabile mysterium, Adrien Willaert
La voix de femme fait entendre la souplesse vocale et l’expressivité qui lui est propre, et le violon joue en entrelacs, pour un dessin au sein de la polyphonie, et le timbre de l’instrument se fait partenaire des autres voix, pour cette méditation un peu mélancolique.
O sacrum convivium, Bartolomeo Trombocino
Le violon au-dessus du luth joue cependant en duo, pour l’échange continu entre deux tempéraments dans une complicité fertile des instruments : les gestes dissemblables qui les animent composent pourtant une symbiose au service de la mélodie chantée, et ses effets miroir.
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http://player.qobuz.com/#!/album/5400439003330
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Atma, ACD2 2660, 2013
Sonata ottava, en si bemol majeur, Johann Rosenmüller
La sonate de Johann Rosenmüller est d’abord une méditation avec les cordes et l’orgue, pour toujours avec grande sensibilité proposer une suite de mouvements contrastés entre récit et danses, l’imaginaire musical est toujours interpellé. La variété du langage est un plaisir, mais aussi l’émotion est première, par la force d’expression à laquelle se rallient les divers instruments de l’ensemble.
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http://player.qobuz.com/#!/album/0722056266024
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Seon (RCA Victor), GD 71970,
réédition (édition originale 1982)
La favola di Orfeo, chant de triomphe, Divers compositeurs, Angelo Poliziano
Un grand récit est ici conté avec une touchante élégance, la voix du ténor au timbre clair et souple s’allie aux couleurs instrumentales de l’ensemble. L’Orfeo de l’Antiquité grecque a une dimension dramatique au sein d’une polyphonie raffinée et aux ombres mélancoliques. La force du choeur du théâtre grec retrouve ici une place dans le dialogue choeur et instruments. Le compositeur était familier des textes grecs À l’âge de seize ans, il commença à traduire l’Illiade d’Homère en hexamètres latins (livres II à V). L’élégance de sa traduction provoqua l’admiration de ses contemporains. Le texte est ainsi chanté, dans cette oeuvre du XVè siècle, comme le seront les madrigaux avec l’importance des mots et du récit, comme l’opéra le fera plus tard.
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Alpha, 115, 2007
La Fürstemberg / La Royale, France XVIIIè siècle
Doucement, chaconne, Joseph Bodin de Boismortier
Avec la ligne toute en courbes, et la suggestion du geste, que le corps entre en musique lui aussi, la musique française du XVIIIè a ses rites et un goût, qu’elle soit plus raffinée et de grande élégance, ou plus populaire et enjouée. Une douceur, parfois teintée de mélancolie, émane de la seconde pièce, d’une voix qui danse elle aussi en légers volutes, sur un texte poétique, avec le traverso qui ponctue les couplets et colore la mélodie. Puis dans une ritournelle de chaconne, l’ensemble d’instruments donne libre cours à la variation.
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http://player.qobuz.com/#!/album/5400439003330
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Ricercar, RIC, 323, 2012
Quodlibet, BWV 524, Johann Sebastian Bach
L’ouverture de l’interprétation musicale au jeu, à l’invention fantaisiste est donnée avec ce Quodlibet aux instrumentistes et chanteurs, dans un langage qui donne première place à la mélodie, insérée dans une polyphonie avec ses motifs en imitation, ses tournants harmoniques, sur une basse continue qui fonde cette construction mouvante. De la musique en théâtre, un jeu !
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http://player.qobuz.com/#!/album/5400439003231
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Naïve, OP 30436, 2008
Partita quattro in re minore, Frantisek Ignac Antonin Tuma
Une musique joviale, avec les cordes frottées en concert, invite à une conversation entre les timbres, ou à un manifeste de la mélodie, et la dynamique mène à la réjouissance jusqu’à inciter à la danse, de la Bohême à Vienne.
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http://player.qobuz.com/#!/album/0709869005767
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Tactus, TC 670002, 2011
Ombra mai fu / Serse, Georg Friedrich Händel
Cet air familier à tant d’oreilles est ici interprété par une voix de sopraniste, une autre couleur.
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Carpe Diem, CD-16285, 2011
Contrapunto sobre la Spagna, Diego Ortiz
La musique de Diego Ortiz, qui vient d’Espagne et réside à Naples, est à la fois d’une savante invention, mais aussi avec une pulsation rythmique qui fait danser le musicien, que ce soit pour instrument seul ou ici avec un jeu à plusieurs voix.
Differencias sobre La Dama le demanda, Antonio de Cabezon
Sur cet air repris par divers compositeurs aux XVIè et XVIIè siècles en Europe, un ensemble de variations laisse place à l’invention aux couleurs de l’Espagne, par les divers instruments de l’ensemble.
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http://player.qobuz.com/#!/album/4032324162856
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Alqhai & Alqhai, 004, 2012
La Spagna Anonyme XVè / Henrich Isaac
Avec l’allure altière de l’Espagne s’ouvre cette première pièce avec les cloches, pour ensuite depuis le XVè siècle chanter dans un ton propre à l’Andalousie, en plein métissage avec les tournures et les rythmes du flamenco.
Romance del Rey Moro e Granaina, Luis de Narvaez
Une mélodie nostalgique ancienne est saisie par une voix de femme, avec sa matière un peu rude, puis par la voix de terre du chanteur de flamenco, devant un foisonnement des instruments, entre tradition andalouse et couleurs du baroque espagnol, avec les ondulations de la guitare, de la vivacité à la couleur, jouée d’une main qui danse véritablement.
Folias, Divers compositeurs vers 1700
Les musiciens entrent en Folias pour une aventure dans les variations infinies sur un motif d’un ambitus de quatre notes, et un délire, peut-on dire, à tous les instruments, autant dans le jeu des sonorités que dans l’inventivité mélodique de la variation, de la diminution.
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Commentaires de Thérèse Bécue
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Aux auditeurs de Continuo
est chaudement recommandée l’écoute de
l’émission de musique ancienne
El arte de la escucha
produite et animée à Séville par le collègue
Juan Ramon Lara
http://www.facebook.com/pages/El-arte-de-la-escucha/310158792421041?ref=ts&fref=ts
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