ut pictura musica… Continuo… di Ferruccio Nuzzo… II – Couperin – V.VIII.XIII

Denis Grenier
Ecrit par Denis Grenier
Ricercar, RIC 330, 2012

Ricercar, RIC 330, 2012

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François Couperin

Complete Sonatas

Les Dominos, Florence Malgoire – Ricercar  RIC 330 (69’47”)

 

Avec ces sept sonates, François Couperin inaugure le XVIIIe siècle musical français. Alors que Giovan Battista Lulli – désormais devenu Jean-Baptiste Lully et assimilé à la cour du Roi Soleil – avait triomphé en cherchant à faire oublier ses origines italiennes, de son côté le jeune Couperin écoute dans la « semi-clandestinité » Arcangelo Corelli et déclare solennellement «dont j’aymeray les Oeuvres tant que je vivrai».

Ce n’est que 35 ans plus tard que Couperin, maintenant devenu «Le Grand», avouera la subterfuge, qu’il appelle «un petite mensonge officieux», avec lequel il avait présenté sa première «Sonade» comme composée par un «nouvel Auteur italien», certain que ce déguisement lui aurait attiré la bénévolence du public, qui déjà à l’époque – et, peut-être, plus encore qu’aujourd’hui – était sensible à l’exotisme et aux tendances, mais réticent à accepter la musique purement instrumentale, et considérait le violon comme «juste bon à faire danser».

Florence Malgoire et ses Dominos cultivent intensément cette inspiration de la Muse corellienne, en l’habillant du tissu voluptueux de sonorités raffinées, et avec une intelligence rhétorique et expressive qui rachète l’apparente monotonie du programme.

Il faut signaler la présence dans cet enregistrement d’une première mondiale: La Convalescente. On pense que ce serait la dernière sonate écrite par Couperin, dont une copie manuscrite a été retrouvée en Allemagne, dans la Bibliothèque de l’Université de Dresde, et oeuvre de Johann Georg Pisendel, ce formidable passeur de musiques, ami de J.S. Bach et de Vivaldi – pour ne citer que les plus grands – compositeur et violoniste virtuose, maître de chapelle de l’Orchestre de Dresde et personnage crucial  dans le panorama de la musique baroque.

 

Je dois ajouter qu’il m’arrive rarement d’être enthousiaste du livret qui accompagne le cd autant que de la musique enregistrée ; c’est ici le cas, pour le très beau texte de Catherine Cessac -à laquelle on vient de décerner la Légion d’honneur – et qui illumine la poétique et l’histoire de ces sonates avec une quantité de précieuses informations

 

Alla prossima…

 

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Critique musical aux côtés de Giorgio Vigolo (Il Mondo) et de Piero Dallamano (Paese Sera) dès le début des années ‘60, interprète du rôle de l’apôtre dans L’Évangile selon saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini (1964), Ferruccio Nuzzo a également été responsable avec William Weaver des programmes culturels de la Rai à destination des USA. Proche du pianiste Arturo Benedetti-Michelangeli, de la Callas et autres artistes, fréquentés à la Scala de Milan et ailleurs, il a participé à l’évolution culturelle de l’Italie en compagnie d’Elsa Morante, d’Alberto Moravia et de plusieurs autres intellectuels de la Péninsule.

Artisan avec des collègues de la création du premier mensuel de son pays dédié au microsillon, il a, plus récemment, été l’un des producteurs de l’émission Appasionata de la RCF (Radios Chrétiennes Francophones) consacrée aux nouveautés discographiques de musique classique.

Pour le site Internet Grey Panthers, http://www.grey-panthers.it/category/ideas/pensieri/musica/, il tient aujourd’hui la chronique hebdomadaire de récension discographique La Mia Musica, Suggerimenti d’ascolto.

Ancien photographe officiel du primat des Gaules, Ferruccio Nuzzo est surtout photographe de société ; on peut voir une partie de son œuvre sur le site http://www.flickr.com/photos/sorferru/.

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http://www.qobuz.com/album/les-dominos-florence-malgoire-couperin-complete-sonatas/5400439003309

 

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