ut pictura musica… Continuo… di Ferruccio Nuzzo – XIX – Uccellini – Sonate over Canzoni – Arparla

Denis Grenier
Ecrit par Denis Grenier
Feruccio Nuzzo

Feruccio Nuzzo

Marco Uccellini

Sonate over Canzoni – Arparla, Davide Monti: violon, Maria Christina Cleary: harpe double – Stradivarius (78’53’’)

 

Uccellini, chi era costui ? (une façon de dire liée aux Promessi sposi de Manzoni, qui veut dire <Uccellini, qui était donc celui là> ) on ne connait pas grand chose de ce compositeur au nom (ou sobriquet?) pittoresque et qui représente bien sa musique, sereine, agile et légère, gazouillante, presque pétulante. Marco Uccellini, né en 1603 à Forlimpopoli – le nom d’une ville qui, en Italie, évoque les contes des fées – étudia au séminaire d’Assise, fut par la suite Maestro di cappella à Modène et à Parme. Rien d’autre, sinon une réputation de grand virtuose du violon confirmée par ses nombreuses compositions pour cet instrument, une musique qui malgré sa trompeuse apparence est d’une difficulté diabolique, qui implique de nouvelles et compliquées techniques de la main gauche – jusqu’à la septième position (en ce qui concerne la technique de la scordatuta – une technique  basée sur un accord différent de l’instrument, pour obtenir des effets sonores particuliers, varier le timbre et rendre possible l’exécution d’accords inhabituels – citée par quelques textes, Davide Monti m’a dit ne l’avoir jamais trouvé dans ses partitions).

La vraie difficulté – au delà de la technique – dans l’interprétation de cette musique est le risque de la réduire à un exercice acrobatique, en la vidant de son souffle poétique. Arparla, c’est à dire Davide Monti au violon et Maria Christina Cleary à la harpe double, vivent ce programme en se jouant des difficultés et en l’animant des affetti, le rendent «visible» en associant à la musique les mots et les images, et partagent humeurs et passions avec leur public en offrant un panorama sonore différent pour chaque morceau.

En réalité les 14 Sonate, à l’exception de la fanfare finale Tromba, n’ont, à l’origine, aucun titre, toutefois – pour rendre plus évidents les affetti dont on a parlé – on en a attribué un à chacune: La Bugia, La Perseveranza, La Gelosia, L’Operazione perfetta, (Le Mensonge, La Persévérance, La Jalousie, L’Opération parfaite) et ainsi de suite: tous ces petits chefs-d’oeuvre ont leur identité, à vous de la vérifier …

Je trouve géniale l’association de la harpe double, très populaire en Italie à la fin du XVIè siècle, au violon, laquelle rend encore plus evidente l’élégance du geste musical (il ne faut pas oublier que Davide Monti est aussi bretteur passionné, il a dédié un essai très interessant au rapport entre l’escrime et l’archet: http://www.arparla.it/media/docs/Musica_e_Scherma_articolo_completo.pdf ). Le violon de Ulrike Engel dialogue par moments avec celui de Davide; Alberto Rasi à la viole de gambe et Massimo Marchese à la guitarre baroque assurent le soutien aux élans et aux voltiges du violon et de la harpe (qui quelques fois s’éloigne, seule et sereine, des frémissements de son  vertigineux compagnon). Dans la fanfare finale Tromba sordina per sonare con violino solo “Il poema eroico” – c’est le violon que se transforme en trompette! – Marco Muzzati avec toute sorte de tambours agite le panorama sonore.

Un pur délice ! et un souffle nouveau pour la musique baroque.

écoutez les extraits de Uccellini :

http://www.qobuz.com/fr-fr/album/marco-uccellini-sonate-over-canzoni-arparla-davide-monti-maria-christina-cleary/8011570370235

tags :  Marco Uccellini, Arparla, Davide Monti, Maria Christina Cleary, Stradivarius

Alla prossima…

 

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Critique musical aux côtés de Giorgio Vigolo (Il Mondo) et de Piero Dallamano (Paese Sera) dès le début des années ‘60, interprète du rôle de l’apôtre dans L’Évangile selon saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini (1964), Ferruccio Nuzzo a également été responsable avec William Weaver des programmes culturels de la Rai à destination des USA. Proche du pianiste Arturo Benedetti-Michelangeli, de la Callas et autres artistes, fréquentés à la Scala de Milan et ailleurs, il a participé à l’évolution culturelle de l’Italie en compagnie d’Elsa Morante, d’Alberto Moravia et de plusieurs autres intellectuels de la Péninsule.

Artisan avec des collègues de la création de Discoteca, premier mensuel de son pays dédié au microsillon, il a, plus récemment, été l’un des producteurs de l’émission Appasionata de la RCF (Radios Chrétiennes Francophones) consacrée aux nouveautés discographiques de musique classique.

Pour le site Internet Grey Panthers, http://www.grey-panthers.it/category/ideas/pensieri/musica/, il tient aujourd’hui la chronique hebdomadaire de récension discographique La Mia Musica, Suggerimenti d’ascolto.

Ancien photographe officiel du primat des Gaules, Ferruccio Nuzzo est surtout photographe de société ; on peut voir une partie de son œuvre sur le site http://www.flickr.com/photos/sorferru/.

 

 

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