ut pictura musica… Continuo… di Ferruccio Nuzzo – XXVII – Johan Sebastian Bach – The Bach Album

Denis Grenier
Ecrit par Denis Grenier

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un nouvel article de Ferruccio Nuzzo

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Feruccio Nuzzo

Feruccio Nuzzo

 

Johann Sebastian Bach

 

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FahmiAlqhai

Cela devait arriver. Le passionné virtuosissime Fahni Alqhai, qui est aujourd’hui le plus évident sinon le plus génial ambassadeur de la viole de gambe, et sa dévotion effrénée envers l’instrument, l’ont conduit au-delà des limites du très vaste répertoire qui pendant environ deux siècles lui a été consacré.


De Johann Sebastian Bach, Fahmi avait déjà enregistré les trois Sonates, chefs d’œuvre que le Kantor avait dédiés à la viole de gambe. Privées comme elles sont de références stylistiques et des caractéristiques d’ornementation de la viole de gambe française, il s’agit presque sûrement de transcriptions de compositions écrites pour d’autres instruments (en particulier celle en sol majeur BWV 1027, à l’origine pour deux flûtes et basse continue).

Fahmi s’est donc autorisé dans ce cd – lui aussi dédié à Bach – à ajouter au répertoire de son instrument deux chefs d’œuvre initialement conçus pour le violon et le violoncelle – la Sonate no. 2 pour violon solo BWV 1003 et la Suite pour violoncelle no. 4 BWV 1010 – plus la Partita pour flûte solo BWV 1013.

L’engagement enthousiaste de l’interprète rend vain et superflu tout discours philologique : les arguments ne manquent pas dans tous les sens, de la réfutation scandalisée à la légitimation prudente. Bach est là, lumineux et éloquent, et ce qui importe c’est que Fahmi y croit, et sa foi en la viole de gambe rend véridique – ou, de toute façon crédible – son récit. Conclue le programme du cd – presque inévitablement, c’est le cas de le dire – la Chaconne de la Partita no. 2 en ré mineur pour violon seul. À ce point nous sommes anesthésiés, prêts à tout accepter, flottant dans une autre dimension, dans un empirée dans lequel les oiseaux chantent aussi avec des voix de violes de gambe, et nous nous laissons aller à ce délice extrême, à cette ultime preuve de l’omnipotence d’un Verbe qui peut tout prétendre et tout exprimer.
Réussirons-nous à retourner à un quotidien fait de vents et de pianos ? Ou aussi Chopin, Brahms et Wagner devront baisser la tête et se convertir à la <gambe> ?

[traduit de l’italien par Denis Grenier]
 
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Johann Sebastian Bach :

Alla prossima…

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Critique musical aux côtés de Giorgio Vigolo (Il Mondo) et de Piero Dallamano (Paese Sera) dès le début des années ‘60, interprète du rôle de l’apôtre dans L’Évangile selon saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini (1964), Ferruccio Nuzzo a également été responsable avec William Weaver des programmes culturels de la Rai à destination des USA. Proche du pianiste Arturo Benedetti-Michelangeli, de la Callas et autres artistes, fréquentés à la Scala de Milan et ailleurs, il a participé à l’évolution culturelle de l’Italie en compagnie d’Elsa Morante, d’Alberto Moravia et de plusieurs autres intellectuels de la Péninsule.

Artisan avec des collègues de la création de Discoteca, premier mensuel de son pays dédié au microsillon, il a, plus récemment, été l’un des producteurs de l’émission Appasionata de la RCF (Radios Chrétiennes Francophones) consacrée aux nouveautés discographiques de musique classique.

Pour le site Internet Grey Panthers, http://www.grey-panthers.it/category/ideas/pensieri/musica/, il tient aujourd’hui la chronique hebdomadaire de récension discographique La Mia Musica, Suggerimenti d’ascolto.

Ancien photographe officiel du primat des Gaules, Ferruccio Nuzzo est surtout photographe de société ; on peut voir une partie de son œuvre sur le site http://www.flickr.com/photos/sorferru/.

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