Johann Sebastian Bach
J’ai toujours eu l’impression que ces Six Sonates pour Clavecin obligé et Violon seul étaient considérées, dans la production multiforme de Johann Sebastian Bach, presque comme des parents pauvres, occultés par la splendeur des chefs d’oeuvre absolus que sont les autres compositions que Bach a dédiées aux instruments à archet solistes, en particulier les Sonates et Partitas pour violon seul, les Suites pour violoncelle solo, et les Sonates pour Viole de gambe et clavecin.
Les grands virtuoses se sont toujours interessés à celles-ci <en second lieu>, comme par sens du devoir (comme quand, par exemple, on invite des parents pauvres dans les occasions pour lesquelles justement on ne peut les ignorer, les présentant avec un sentiment d’embarras.)
C’était une sensation très personnelle, vague et imprécise, mais qui me revient, aujourd’hui, à l’esprit – par contraste ! – à l’occasion de cette magnifique interprétation, complètement nouvelle et décomplexée, de Chiara Zanisi, qui a choisi ces Sonate pour ses débuts au disque (en tant que soliste). Et déjà ce choix dit tout. Le son purissime, <parlant>, de son violon, tout en élévation, transporte cette musique – peut-être pas aussi séduisante et captivante que celle de ses parents mieux cotés – dans la sphère du sublime, recouvrant d’une aura magique la divinité de la forme, et Giulia Nuti, au clavecin, est la complice idéale, et idéologiquement cohérente, dans l’entreprise.
Avec une originalité ultérieure, les deux interprètes se sont prêtées au jeu de l’interview sur You Tube, en italien (pour une fois !!!) et leur discours, simple et explicite, est la meilleure illustration de leurs choix et et de leur vision de l’oeuvre.
JS BACH // 6 Sonatas for Harpsichord and Violin BWV 1014-1019 // Chiara Zanisi & Giulia Nuti,
Arcana, A 426, 2017, 95,19
Youtube
Alla prossima…
*
Critique musical aux côtés de Giorgio Vigolo (Il Mondo) et de Piero Dallamano (Paese Sera) dès le début des années ‘60, interprète du rôle de l’apôtre dans L’Évangile selon saint Matthieu de Pier Paolo Pasolini (1964), Ferruccio Nuzzo a également été responsable avec William Weaver des programmes culturels de la Rai à destination des USA. Proche du pianiste Arturo Benedetti-Michelangeli, de la Callas et autres artistes, fréquentés à la Scala de Milan et ailleurs, il a participé à l’évolution culturelle de l’Italie en compagnie d’Elsa Morante, d’Alberto Moravia et de plusieurs autres intellectuels de la Péninsule.
Artisan avec des collègues de la création de Discoteca, premier mensuel de son pays dédié au microsillon, il a, plus récemment, été l’un des producteurs de l’émission Appasionata de la RCF (Radios Chrétiennes Francophones) consacrée aux nouveautés discographiques de musique classique.
Pour le site Internet Grey Panthers, http://www.grey-panthers.it/category/ideas/pensieri/musica/, il tient aujourd’hui la chronique hebdomadaire de récension discographique La Mia Musica, Suggerimenti d’ascolto.
Ancien photographe officiel du primat des Gaules, Ferruccio Nuzzo est surtout photographe de société ; on peut voir une partie de son œuvre sur le site http://www.flickr.com/photos/sorferru/A