Jean Gibaud du label De Pleint Vent

Jean Gibaud

Vals-les-Bains. Ardèche.
En octobre 1976, Jean Gibaud y crée son label : De Plein Vent, pour combler les lacunes d’une édition phonographique qui en ce temps-là, il faut se souvenir, n’était pas encore passée au CD, n’avait pas connu, en particulier dans le domaine du classique, la fantastique explosion des répertoires qui a conduit à ce que tant de compositeurs, tant d’interprètes, tant de styles, tant d’époques soient finalement documentés !

De Plein Vent refuse aussi d’emblée « la starification d’interprètes entraînant des performances conventionnelles » et « préfère systématiquement éditer les interprètes les plus adaptés à chaque partie du répertoire qu’il propose. » Avec une détermination et une conviction ancrées dans l’idée de la propagation du savoir et la nécessité d’éduquer et de former, Jean ne lâchera jamais prise. De plus prétentieux ont disparu. De Plein Vent est toujours là.

Et puis, il y a la musique contemporaine et, de la part de De Plein Vent, un militantisme à contre-courant du monopole de la création contemporaine subventionnée, qui crée selon Jean Gibaud « un art officiel de musique “à-mélodique” ».
Il découvre et promeut un grand nombre de compositeurs contemporains « proposant un travail qui ne délaisse pas la notion du beau ». L’avant-garde officielle est habillée pour l’hiver !

Mais écoutez, s’il vous plait, la musique de François Vercken, de Lucien Battaglia, celle de Alain Daboncourt, de Marcel Landowski (et oui, ré-écoutez, cela commence à être le moment…), ou celle d’Alain Krotemberg et celle de Pierre Wissmer. On vous regardera de travers – mais écoutez sans à-priori. C’est la musique de ces compositeurs, et de bien d’autres, que le producteur Jean Gibaud défend depuis Vals-les-Bains.

Il dit :
« La musique contemporaine subventionnée et officielle a donné une idée unique et restrictive de la création contemporaine ; la création du XXe  siècle a été annihilée dans sa médiatisation, et les préoccupations des grandes firmes discographiques et des politiques culturelles de nos pays se sont uniquement concentrées sur la défense du patrimoine bâti jusqu’en 1920 en ignorant l’immense vivier de créativité des œuvres de l’esprit de notre siècle. »
Il dit encore : « Je suis l’un des rares éditeurs de musique dite classique à avoir construit mon catalogue sur une décision politique, et dans une perspective historique ! »

Drôle d’homme : vous le croiriez un peu passéiste, dans ses montagnes, parce qu’il produit aussi de la musique traditionnelle, des enregistrements de groupes locaux ; qu’il est actif et engagé dans la vie locale et sociale. Mais lui, dès 1993, il vous le dira : il y était, sur Internet, et même labellisé « exportateur sur la toile » en 1999 par le Secrétariat d’Etat au commerce extérieur et le CFCE. Bien avant tout le monde !

Le monsieur digne est donc un agitateur, un vrai, lui, avec cette sorte de radicalité assez surprenante des gens totalement hors-cadre, et qui vous font vous demander si il ne serait pas temps, en effet, de changer le cadre.

Une grande partie du catalogue DE PLEIN VENT est disponible sur qobuz.com, et d’autres références arrivent bientôt…

Photo : Jean-Baptiste Millot
Texte : Hannah Krooz

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