Bertrand Dermoncourt, directeur de la rédaction de Classica

Bertrand Dermoncourt

Le directeur de la rédaction de Classica est un homme à l’œil amusé et à la posture immanquablement patiente. Par sa réserve autant que par ce qu’on imagine être sa bibliothèque, on le croirait, allez, prenons ce risque, comme du genre de ces intellectuels catholiques sociaux et européens à l’ancienne.

À supposer que ce soit vrai — peut-être ne va-t-il pas aimer du tout… —, ce serait incomplet quand même, car, de son histoire, on doit aussi retenir certains aspects « jeune homme moderne » méconnus.

D’abord, Bertrand n’a pas fait ses classes au Figaro, ou dans les ambassades mais à Classica directement, et plus avant même, dans un petit gourbis du douzième, aux Editions Prélude et Fugue, aux Têtes de l’Art exactement ! C’était le titre d’un magazine gratuit sur la musique, publié par les Editions Prélude et Fugue.

Il fréquenta auparavant une école de commerce d’excellente réputation, à Bordeaux. Il fut stagiaire dans une maison de disques indépendante à la grande époque, chez Opus 111, auprès de l’irréductible Yolanta Skura. Il fit de même chez Warner Classics, à une époque où il y avait vraiment plus de « Classics » chez Warner. Il signa même pour les Editions Prélude et Fugue, pour faire bouillir la marmite avant que Classica n’existe, quantité de papiers rock pour Start’Up, le magazine des disquaires Starter.

À côté de publications d’envergure comme le Mozart de A à Z (Laffont) dont il est le maître d’œuvre, il écrivit des petits livres dans la collection Music Book (des collectors, désormais !), consacrés à des gloires de la musique populaire telles que The Cure, David Bowie, Joy Division ou même Dépêche Mode ! Des artistes plus yéyé que ne le sont les Harnoncourt, Savall, qu’il admire tant. Et il collabora même au DicoRock de chez Robert Laffont. Vous voyez-bien : l’habit ne fait pas le moine. Il fit chauffer de manière très moderne et très « nouvelle économie » les Mac de Classica dès la fondation bien risquée et miraculeuse de ce magazine en 1997.

Quand il décide aujourd’hui de publier crânement, dans le prochain numéro de Classica, quatre pages consacrées au compositeur Guillaume Connesson, on pensera : ce modéré n’est-il pas plus extrémiste que d’autres plumes plus tranchées ? Il a pris dans son magazine et depuis l’origine le parti, sans drame et sans bruit, d’une musique contemporaine qui parle et qui chante, et non celui, partout répandu, des épigones bouleziques. L’histoire lui a déjà donné raison, et les compositeurs dont il a défendu l’esthétique sont ceux qu’on écoute aujourd’hui.

Avec un pied à Classica — qui a grandi, acquis respect et considération grâce à lui, à force de son travail patient et modeste —, et l’autre aux grandes orgues de la tribune classique du grand orgue de L’Express, l’un des titres phares de la presse hebdomadaire française, Bertrand pose chaque semaine et chaque mois sur l’actualité musicale un regard autant indulgent que pugnace quand il le faut, empreint d’une vision morale.

* NDLR – Classica et le Groupe GER sont les partenaires du site Qobuz.

1 commentaire

  • Je n’aime pas ce qu’écrit Mr Dermoncourt lorsqu’il critique de grands interprètes avec une mauvaise foi évidente, s’attachant plus à l’apparence, à l’image qu’au sens musical. Ses attaques contre des chefs qui n’ont plus à prouver leur talent sont déplacées. La Revue Classica est intéressante, lorsqu’elle donne des informations sur des œuvres et/ou des musiciens. J’étais abonnée , je pense que je ne renouvellerai pas cette année pour lire des propos malveillants et très subjectifs .

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