Voyez comme le monde est mal fait : lorsqu’il animait la tranche matinale de France Musique, François Hudry était le meilleur qu’on ait jamais eu, depuis Philippe Caloni : connaisseur, enthousiaste, à-propos, sens de l’opportunité — bref, un homme de radio.
Homme de radio à Radio-France c’est aussi (sans qu’on puisse être sûr que ce soit la meilleure façon de faire une bonne radio) la capacité de faire ce qu’on vous demande de faire. Le cas a connu d’autres illustrations fameuses.
Voilà donc notre homme à la tête de la vénérable Tribune des critiques (enregistrée en public tous les lundis à 19h30 dans l’un de ces fameux studios cosi de la Maison Ronde), une émission dont la recette marche toujours aussi bien, mais dont l’ampleur devient monstrueuse avec toutes ces années de discographie, au point qu’il faudrait des heures pour la mener à bien pour le moindre Menuet de Mozart. Il la fait bien cette Tribune, mais ce n’est pas de la radio, c’est de la discographie. Pas ce qui attirera de nouveaux enthousiastes à l’antenne.
Et puis il y a France Vivace *. Comment, vous ne connaissez pas ? Cette radio clandestine de Radio France, disponible uniquement sur Internet, a un patron : François Hudry. On ne saurait trop vous conseiller de vous y brancher *, une fois les délices de Qobuz épuisés. Programme intelligent, varié, qui n’emprunte rien à la banalité ou aux convenances.
Bienveillant, aimable, courtois à l’égard de ses auditeurs (ce qui le ferait passer pour suranné) mais jamais complaisant, et capable de la gentille raideur des gens de goût, Hudry poursuit son bonhomme de chemin radiophonique, et ses délicieuses fixations, au premier rang desquelles on citera bien sûr Ernest Ansermet, l’Italie et la peinture italienne, Hugues Cuénod… et bien sûr Suzanne Danco qui, du ciel, veille sur lui et ses émissions…
Le mini-site de la Tribune des Critiques de disques
* France Vivace a fermé ses portes. (NDLR).