La Folle Journée de l’Ensemble Orchestral de Paris est-elle en vue ?
La nomination de Jean-Marc Bador à la Direction générale de l’orchestre pourrait en marquer le signe, lui qui travailla avec René Martin à la fondation du célèbre festival nantais qui a tant fait pour changer l’air du classique.
Il faut dire que le chantier semble vaste et malaisé pour rendre cette valeureuse, mais stylistiquement improbable formation, à des missions moins redondantes avec d’autres institutions symphoniques parisiennes.
Un orchestre permanent de formation Mannheim à Paris ? C’est un luxe qu’on est contents et fiers, en tant que contribuables, de pouvoir se payer ! Oui mais, on l’imaginerait, en 2010, jouant sur instruments d’époque, configuré de manière à agir en souplesse en fonction des répertoires, et dès lors susceptible d’accueillir les meilleures baguettes et les plus grands solistes du genre ; et surtout permettant de revisiter jusqu’au romantisme inclus, avec la ductilité que nous a apportée le mouvement baroque, tant d’œuvres qu’on nous présente encore en versions lourdingues au concert mais qu’on n’accepterait pas d’entendre de la sorte sur disque (ou téléchargement !).
Avec les années, on oublie parfois le passé, qui est pourtant instructif. Dans le cas de l’EOP il faudrait se souvenir que l’orchestre, originellement construit par son premier chef Jean-Pierre Wallez comme une sorte d’expansion de l’Ensemble Instrumental de Paris qu’il dirigeait auparavant, présentait au cours de ses premières saisons injustement décriées, des originalités vraiment majeures. Certes, on n’y faisait pas de baroque du tout, car ce n’était pas le genre du Jean-Pierre, mais le non-conformise des programmes, le prestige des plus grands solistes, qui faisaient la part belle à la musique de chambre et à des répertoires rares de musique française ou étrangère, possédait une vraie singularité qui ne posait pas alors la question du style comme ce le sera pour cet orchestre par la suite.
Au départ de Wallez, et après les années Jordan, qui possédait une classe à lui seul justifiant une vision plus symphonique et classique de la programmation, il semble qu’on soit passé aux années de plomb stylistiques avec John Nelson, et qu’on ait été, depuis, frappé d’une sorte d’impuissance administrative à réformer l’institution. Oh certes, Nelson était un musicien bien plus qu’honorable et talentueux. Mais juste, une erreur… politique, qui a bien trop duré.
En un tel cas, autant le fond que la forme valent d’être travaillées.
On espère donc ne plus être invités à s’abonner en début de saison par des affiches sur les murs de Paris, vides de promesses, comme si l’acte d’abonnement à l’EOP s’apparentait à l’achat de la Carte Orange annuelle.
On voit bien le potentiel, y compris de moyens, qui réside ici ; on connait l’habileté et le dynamisme de Jean-Marc Bador qui a su remarquablement faire exister l’Orchestre de Bretagne et lui a forgé une vraie identité même au-delà des frontières.
Et donc, on lui souhaite tout le bonheur du monde, et le nôtre, à l’Ensemble Orchestral de Paris !
En téléchargement sur Qobuz :
L’Ensemble Orchestral De Paris en qualité CD.
Photo prise au Théâtre des Champs-Élysées, le 17 novembre 2009.