Michèle Worms de La Lettre du Musicien

Michèle Worms

C’est après avoir quitté Diapason, dont elle assurait avec un flegme et une tranquille indépendance le secrétariat de rédaction auprès, nous semble-il, de Yves Petit de Voize, que Michèle Worms crée en 1984 La lettre du Musicien, un bimestriel destiné à combler le manque d’information professionnelle des musiciens classiques.

On le sait, le problème majeur de la presse professionnelle c’est la crédibilité. Trop proche du métier elle est perçue comme consanguine et tout autant vue avec méfiance par ses lecteurs qu’avec condescendance par les professionnels eux-mêmes qui ne résistent jamais au plaisir d’y être présents quand même.

En affichant depuis toujours la modestie à la devanture de sa Lettre du Musicien, Michèle Worms s’est mise à l’abri des crises. Avec à ses côtés l’incroyable Denise Marinier, elle a, d’une part, construit un outil neuf et sans concurrence — où donc aller pour connaître ses droits et les tuyaux sur sa retraite quand on est prof de conservatoire municipal ? – et d’autre part établi, bien avant que les réseaux sociaux ne soient à la mode, ce lien indispensable entre des professionnels souvent malmenés, ou sous-informés.

En tête du journal, les fameux éditoriaux de Michèle Worms sont piquants, de cette alacrité qui donne du sel à la politesse et au bon ton. La patronne de La Lettre du Musicien est fidèle au poste tous les quinze jours pour y commenter l’actualité musicale et y fustiger avec humour ses travers.

Et puis, La Lettre du Musicien innove. Depuis 2000, elle organise le Grand Prix Lycéen des Compositeurs qui confronte compositeurs et élèves pour élire eux-mêmes le « compositeur de l’année ». En donnant simplement la parole à ceux qui ne l’avaient pas, Michelle Worms a montré, cette fois encore, ce que l’humilité et la discrétion peuvent avoir d’insolent.

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